"J'ai peur qu'on me jette dehors au printemps" - Éducation sans certificat

« Le plus dur, c’est de conti­nuer à avoir un but, une moti­va­tion. De réus­sir à sai­sir des infor­ma­tions qui pro­viennent de PowerPoints qui parlent, sans visages, sans anec­dotes, sans contexte qui aide à s’en rap­pe­ler plus tard. Chaque cours a la même saveur, une mono­to­nie – un écran et moi, seule, dans ma chambre. Je ne suis pas contre la vac­ci­na­tion. Je suis pour que cha­cun puisse choi­sir ; actuel­le­ment ce serait illu­soire de dire que c’est le cas. Beaucoup de mes ami.e.s se sont fait vac­ci­ner par peur et pour des rai­sons finan­cières : l’Université de Fribourg ne met pas de tests gra­tuits à dis­po­si­tion, ni, même si c’est écrit sur papier, de pos­si­bi­li­tés online pour chaque cours. Est-ce éthique ? J’en doute.

Se faire vac­ci­ner pour des rai­sons sani­taires c’est logique et tant mieux : mais où est le sani­taire actuel­le­ment ? Les argu­ments qu’on nous pro­pose se sont les dis­cos, les fêtes, les voyages deve­nus impos­sibles. Ça me serait égal, je peux m’en pas­ser. Mais l’ac­cès à l’é­du­ca­tion ? Dois-je mettre tous mes pro­jets, mon ave­nir à la pou­belle ? Alors que dans mon état de san­té actuel, à mon âge, selon les don­nées de l’OFSP, le risque est plus que minime que je finisse hospitalisée ?

J’ai peur qu’on me jette dehors au prin­temps. Peur de ne pas vali­der mes exa­mens parce que je vais pro­ba­ble­ment devoir révi­ser avec comme seul prof un livre, ou des résu­més d’a­mis. Peur d’a­voir fait tout le début de mes études pour rien, parce que jamais je ne pour­rai les finir. Peur de perdre mon job étu­diant. Je me sens triste et je suis pleine d’in­com­pré­hen­sion qu’une mesure telle que le cer­ti­fi­cat puisse être mise en place dans les hautes écoles. Cela fra­casse toute la vision d’un monde dont lequel j’es­pé­rais vivre. Et sur­tout, je n’en peux plus de l’in­cer­ti­tude. Et de la charge men­tale que c’est de devoir tout orga­ni­ser, pla­ni­fier pour si jamais le test ça ne fonc­tion­ne­ra pas, ou s’il me fera dépas­ser mon bud­get men­suel. Je dois sans cesse réflé­chir à des prio­ri­tés, faire des tra­jets, et j’en suis fati­guée. Bien sûr que j’hé­site à aban­don­ner. Est-ce juste d’en arri­ver là ? Est-ce vrai­ment la meilleure solu­tion dans la situa­tion actuelle ? Les dégâts psy­chiques que je vois dans mon entou­rage sont en tout cas consi­dé­rables. Bien plus grands que ceux liés au Covid direc­te­ment. La perte de sens et l’im­pres­sion de ne rien valoir, c’est mor­tel, lit­té­ra­le­ment. Et je suis convain­cue qu’on peut limi­ter ça. Mais pas avec un pass. » 

- Témoignage d’un.e étudiant.e à l’Université de Fribourg

Vous sou­hai­tez témoi­gner ? Remplissez ce for­mu­laire !

Notre équipe qui se charge de récol­ter les témoi­gnages est sur Instagram ! Suivez « What The Certificat ? ».

Comments are closed