"En voulant maintenir mon accès à l’éducation, j’en ai perdu la condition première : ma santé mentale" - Éducation sans certificat

« Antivax. Complotiste. Irresponsable. Egoïste. Tant de qua­li­fi­ca­tifs qui m’étiquettent depuis des mois déjà. Et depuis l’introduction du pass, je suis aus­si un dan­ger public, une pes­ti­fé­rée, une lépreuse. Pendant tout ce temps, j’étais au moins encore une uni­ver­si­taire. Mais quelques jours à peine avant la ren­trée, je suis deve­nue étu­diante au rabais, une étu­diante qu’on tolère dans l’amphithéâtre parce qu’elle accepte de se faire tes­ter. A l’université de Fribourg, dans ma facul­té en tout cas, rien n’a été mis en place pour les non-vac­ci­nés. Ni tests, ni cours en ligne, ni même docu­ments sur Moodle. Comme si l’université n’était pas une charge suf­fi­sante, tout a été fait pour com­pli­quer l’accès aux études à ceux qui refu­saient de pas­ser par la piqure. Alors ici, cha­cun a usé de sa méthode pour res­pec­ter sa convic­tion : cer­tains ont aban­don­né l’université, cer­tains ont pris un semestre de congé, et moi j’ai cru que j’y arri­ve­rais. Quelle erreur !

Après avoir per­du mon temps en files d’attente dans les phar­ma­cies et ma san­té men­tale en ten­ta­tives de lutte contre cette injus­tice, j’ai cra­qué. Qu’est-ce que j’avais aimé l’université, mal­gré les cours en ligne, l’isolement, la vir­tua­li­té. Qu’est-ce qu’elle m’angoisse main­te­nant, mal­gré les cours en pré­sen­tiel, le contact avec les autres étu­diants, les salles de cours.

En refu­sant le vac­cin, j’avais accep­té de sacri­fier les soi­rées en boîte, les ren­dez-vous au bar, les repas au res­tau­rant, les visites au musée, les voyages. J’avais accep­té de sacri­fier ma consom­ma­tion pour mes convic­tions. Je n’avais pas accep­té de sacri­fier mon accès à l’éducation. J’ai lut­té, j’ai essayé tout du moins.

Et puis, un jour, comme ça, j’ai remar­qué que je n’y arri­ve­rais plus. Un jour, comme ça, j’ai fon­du en larmes et c’était fini. L’université, l’enseignement que j’avais tant aimé avaient eu rai­son de moi. Les tests étaient deve­nus une charge men­tale trop lourde ; l’absence de sou­tien du corps ensei­gnant et de la direc­tion avait ren­du le savoir inac­ces­sible ; l’isolement social, plus grand encore que lorsque per­sonne ne pou­vait sor­tir, était deve­nu insupportable.

Seule au milieu de la foule, je ne savais plus ce que j’y fai­sais. J’ai pleu­ré, c’était trop tard.

Au final, en vou­lant main­te­nir mon accès à l’éducation, j’en ai per­du la condi­tion pre­mière : ma san­té men­tale. Alors que me reste-il ? C’est ça, l’uni ? Un lieu d’exclusion ? Des ensei­gnants qui font pas­ser leurs convic­tions avant l’intérêts de leurs étu­diants ? Un gouffre finan­cier qui englou­tit 150.-/semaine à ceux qui arrivent à peine à se payer de quoi man­ger ? Un luxe, un loi­sir, un res­to, une soi­rée en boîte, un voyage aux Maldives ?

Une for­ma­tion, une contrainte à la pen­sée unique, peut-être. »

- Témoignage d’un.e étudiant.e à l’UNFR

Vous sou­hai­tez témoi­gner ? Remplissez ce for­mu­laire !

Notre équipe qui se charge de récol­ter les témoi­gnages est sur Instagram ! Suivez « What The Certificat ? ».

Comments are closed