Identité visuelle - Éducation sans certificat

Identité visuelle

Éducation sans certificat, le groupe Telegram de la mobilisation étudiante, devenu collectif puis association !

Le chan­ge­ment est signi­fi­ca­tif : ESC se mue en asso­cia­tion. Il s’a­git là d’une démarche qui signe la néces­si­té d’une telle orga­ni­sa­tion étu­diante dans le tis­su social suisse.

Alors que de nou­veaux pro­jets d’envergure sont en chan­tier, qui visent notam­ment à élar­gir les domaines d’activité de l’association, ESC conserve son iden­ti­té visuelle, le sif­flet jaune, consti­tuant les assises de ses repères gra­phiques, empreints d’une his­toire et d’une sym­bo­lique forte, comme de sou­ve­nirs marquants.

Durant l’Antiquité gré­co-romaine, le jaune a sym­bo­li­sé fer­ti­li­té et pros­pé­ri­té. Nous nous en ins­pi­rons aujourd’hui et le mani­fes­tons dans l’esprit col­lec­tif de col­la­bo­ra­tion qui lie chaque membre et par la volon­té ardente d’en­tre­te­nir un ter­rain fer­tile pro­pice au par­tage d’idées et à l’élaboration.

Le sifflet, le symbole du mouvement étudiant.

Schaeffner disait de la flûte qu’elle était le « conduit du souffle et de l’âme ». Nous pou­vons ain­si dire que le sif­flet est un sym­bole de la vie. Mais plus encore, le sif­flet revêt de nom­breux sym­boles et son uti­li­sa­tion peut se méta­mor­pho­ser au fil des époques. Métamorphose que nous allons briè­ve­ment pas­ser en revue.

Lorsque l’on évoque le sif­flet, on se repré­sente ins­tan­ta­né­ment la forme et le son par­ti­cu­lier de ce petit objet, que l’on ima­gine par­ti­cu­liè­re­ment entre les mains d’un agent, d’un arbitre, d’un‑e chef-fe de train, ou encore dans celles d’un enfant, pour lui ser­vir de jouet. Ce sont ses capa­ci­tés sonores très effi­caces qui font sans nul doute ses atouts.

Pourtant, comme beau­coup de choses dans la vie qui au pre­mier abord pour­raient paraitre banales et usuelles, le sif­flet est d’une grande richesse sym­bo­lique, qui s’est adap­tée au fil des époques.

Depuis des mil­lé­naires, le sif­flet est uti­li­sé pour la chasse, le rap­pel des trou­peaux, le com­man­de­ment et don­ner l’alerte. Cependant, si aujourd’hui l’évocation du sif­flet ramène exclu­si­ve­ment aux forces de l’ordre ou au sport, il était un objet d’utilité com­mune au XIXe siècle : domes­tique, serviteur‑e, ser­veur-se, ou encore alerte en cas d’agression, chacun‑e ou presque dis­po­sait d’un sif­flet. Ses nom­breuses et diverses uti­li­sa­tions expliquent sans doute les dif­fé­rents modèles qui ont été créés. Orné de pierre fine, souf­flé en verre et fine­ment sculp­té pour les familles royales, ou fait de terre cuite, de bois ou d’os, le sif­flet est tant modu­lable dans son uti­li­sa­tion que dans le choix des matières pour sa confection.

Grâce à sa fonc­tion signa­lé­tique, le sif­flet pos­sède en réa­li­té une fonc­tion de com­mu­ni­ca­tion, que ce soit avec des ani­maux ou des humains, mais éga­le­ment pour cer­tains, à des êtres sur­na­tu­rels. Le son émis, géné­ra­le­ment stri­dent et se déta­chant du fond sonore, en fait un ins­tru­ment de signal extrê­me­ment adap­té per­met­tant même de l’utiliser pour créer un véri­table langage.

C’est sans rap­pe­ler le lan­gage sif­flé, ne néces­si­tant que l’usage des doigts, ce mode de com­mu­ni­ca­tion arti­cu­lé per­met­tant de dire des mots en sif­flant. Il est uti­li­sé dans des régions du monde où les sif­fle­ments sont plus effi­caces pour com­mu­ni­quer que la parole ordi­naire, en rai­son de la topo­lo­gie des lieux (forêts mon­tagnes abruptes).

Le sif­flet comme ins­tru­ment de com­mu­ni­ca­tion est théo­ri­sé par André Schaeffner (1895–1980), spé­cia­liste des ins­tru­ments et res­pon­sable de la col­lec­tion ins­tru­men­tale au musée de l’Homme (MH), qui esti­mait que les sif­flets pour­raient être une rémi­nis­cence d’un lan­gage sif­flé préexistant.

Pour exemple, Félix Eboué, alors admi­nis­tra­teur colo­nial fran­çais, rap­por­ta que le ban­da, une des langues des peuples de l’Oubangui-Chari, était « une langue musi­cale qui peut se par­ler, se sif­fler, soit avec la bouche, soit au moyen de sif­flets en bois et en corne. »

Même s’il n’en est pas la fonc­tion pre­mière, les sif­flets en terre cuite per­mettent d’en faire un ins­tru­ment de musique. Ne pou­vant géné­ra­le­ment modu­ler que quelques inter­valles, il a pour­tant été uti­li­sé dans le cadre de la Symphonie des jouets de Jospeh Haydn.

En plus de toutes ces fonc­tion­na­li­tés pas­sion­nantes, le sif­flet a aus­si été un ins­tru­ment pour cer­tains rituels de séduc­tions amou­reuses. Comme en Italie ou au Luxembourg, où les jeunes hommes décla­raient leur amour en offrant un sif­flet en forme d’oi­seau à leur promise.

Mais ce sont pour de toutes autres rai­sons que nous déci­dons de choi­sir la sym­bo­lique du sif­flet. Le mou­ve­ment étu­diant l’utilise alors comme désordre sonore lors de mani­fes­ta­tions. C’est par ce bruit stri­dent que nous expri­mons volon­tai­re­ment notre malaise face à l’ordre éta­bli. Nous avons ain­si fait du sif­flet le porte-parole d’un contre-pou­voir. La musique repré­sente un moyen d’ex­pres­sion uni­ver­sel. ESC, par le sif­flet, s’ex­prime en mani­fes­ta­tion col­lec­tive pour créer une « contre-musique » du pou­voir en place, deve­nant donc la voix du corps social en ces moments où l’équilibre com­mu­nau­taire et les liber­tés fon­da­men­tales sont si menacés.